Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, s'est exprimée le 29 décembre au sujet de la censure de plusieurs médias russes sur le sol européen, déplorant les multiples mesures mises en place par l'UE en la matière.
«Les Européens sont privés du droit d’accès libre à l’information. Il semble que Paris et Bruxelles craignent que le public tire ses propres conclusions sur ce qui se passe dans le monde et en particulier en Ukraine, s’il voit un point de vue et une vision du monde différents, qui ne correspondent pas aux litanies des médias occidentaux», a déclaré le 29 décembre la porte-parole de la diplomatie russe, en référence aux mesures d’interdiction de diffusion qui ont visé plusieurs médias au niveau de l’UE.
Les Européens sont privés du droit d’accès libre à l’information
Maria Zakharova a dénoncé ces restrictions, estimant qu’elles faisaient partie d’«une banalisation de la russophobie» et qu’elles témoignaient du «souhait de la propagande européenne d’étouffer par tous les moyens toute opinion alternative».
Alors que, parmi ces mesures, figure notamment la censure de RT France (dont la rédaction française est empêchée, depuis le mois de mars, de diffuser son travail journalistique sur son propre sol), l’UE est récemment allée encore plus loin, ciblant dans son dernier paquet de sanctions économiques antirusses des entités comme la maison mère des chaînes RT.
La doctrine occidentale de démocratisation «modèle» n’est en réalité qu’un instrument pour atteindre des objectifs de politique étrangère
La haute diplomate russe a reproché à Bruxelles de procéder à «un nettoyage systématique et progressif» de toute présence de «médias non occidentaux» sur le sol européen.
«L’exclusion des chaînes de télévision russes de l’espace médiatique n’est que la preuve que la doctrine occidentale de démocratisation «modèle» n’est en réalité qu’un instrument pour atteindre des objectifs de politique étrangère», a estimé Maria Zakharova. Elle a par ailleurs considéré que la censure des structures en question avait été accompagnée d’«une fausse réserve jésuitique» consistant à affirmer que les médias visés et leur personnel ne seraient pas empêchés d’exercer des activités dans l’UE, en dehors de la radiodiffusion.
Une telle pratique constitue sans aucun doute une violation flagrante des principes de liberté d’expression et d’égalité d’accès à l’information
«Ce n’est pas vrai. La chasse aux médias russes déclenchée dans l’UE ne se limite évidemment pas à la seule interdiction de diffusion», a-t-elle assuré, déplorant par exemple que «Bruxelles ait collé l’étiquette toxique de «propagandistes» aux journalistes russes, restreignant fortement leur capacité à faire l’ensemble de leur travail». «Une telle pratique constitue sans aucun doute une violation flagrante des principes de liberté d’expression et d’égalité d’accès à l’information, étant ostensiblement discriminatoire par nature», a-t-elle ajouté.
En outre, selon Maria Zakharova, le gouvernement français serait «le principal lobbyiste pour l’arrêt de la diffusion des chaînes de télévision russes en Europe». La porte-parole du ministère des Affaires étrangères a notamment fait allusion à la mise en demeure française adressée à Eutelsat, lui interdisant de diffuser certaines chaînes russes, et a pointé «le poids et l’influence de la France au sein de l’UE».
Pour rappel, RT et Sputnik ont été interdits de diffusion dans l’UE peu après le déclenchement de l’opération militaire russe en Ukraine, la Commission européenne invoquant la nécessité de couper tous les canaux de diffusion (satellite, Web et réseaux sociaux) en Europe de «la machine médiatique du Kremlin» représentée, selon elle, par ces médias. Or, l’UE n’a pas été en mesure, pour appuyer cette décision, de citer la moindre fake news dont se seraient rendus coupables ces médias. Et pour cause : la chaîne RT France n’a jamais été sanctionnée par le régulateur français des médias, l’Arcom (ex-CSA).
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